La technique de l'icône


La technique de la peinture a tempera où les poudres de couleur sont détrempées au jaune d’œuf remonte au Bas-Empire romain. Les matières utilisées sont toutes le produit de la nature. L’aspect formel de ce travail est donc déterminé par des règles techniques traditionnelles très précises. Scrupuleusement  respectées, ces règles se transforment en autant de ressorts pour l’expression personnelle. Voici le déroulement des opérations pour la mise en œuvre :

1. LE SUPPORT
Il s’agit d’une planche de bois dont l’essence dépend des régions : cyprès, platane, chêne, palmier dans le Midi, peuplier, hêtre, tilleul dans le Nord. Aujourd’hui le contre-plaqué marin ou hydrofuge est fiable puisqu’il ne se déforme pas. La planche est ensuite revêtue sur un côté d’un apprêt blanc qui constitue la surface polie destinée à recevoir l’or et la peinture.

2. L’APPRET
Après avoir marouflé la planche avec une toile de lin ou de coton usée, on pose une douzaine de couches de craie en poudre (blanc de Meudon) délayée au bain-marie dans de la colle de peau à raison de deux couches par jour de plus en plus épaisses. Puis, on ponce avec une pierre ponce naturelle mouillée et on peaufine à l’aide de la paume de la main.

3. LE DESSIN
Il est de type linéaire comme une épure sans indication de modelé. Il se réalise au pinceau avec un peu de terre ocre rouge ou jaune détrempée à l’eau claire. Les débutants dessinent sur une feuille de papier le modèle qu’ils ont choisi et transfèrent leur dessin en saupoudrant le verso de leur feuille de terre ocre rouge qui sera ensuite appliquée sur la planche. Ils repassent les traits au stylo bille et les traits s’impriment sur l’apprêt.

4. LA DORURE
La dorure à la feuille « à l’eau » nécessite un outillage spécialisé. Pour « asseoir » l’or, il faut d’ abord poser une « assiette » composée de terre d’Arménie et de colle animale en plusieurs couches très fines qui seront ensuite poncées. La pose de la feuille d’or s’effectue en mouillant abondamment l’assiette avec de l’eau. Du fait que la feuille d’or est très fragile et volatile, cette opération demande une grande dextérité. L’or posé peut être, soit bruni (c’est-à-dire rendu brillant avec une pierre d’agate), soit maté en posant une fine couche de colle.

5. LES COULEURS
Elles sont d’origine naturelle : soit des terres argileuses (de Sienne, d’Ombrie, de Pouzzoles, de Vérone, de Bohème, …), soit des oxydes métalliques (cobalt, cadmium, plomb, …). Elles sont aussi d’origine végétale ou animale (laque de garance, safran,…). Actuellement on dispose en complément d’un certain nombre  de pigments artificiels dont la stabilité a été éprouvée. Ces poudres sont broyées à la molette ou au doigt avec un médium composé de jaune d’œuf allongé d’eau pure. Le dosage de médium est très délicat et très important car chaque pigment nécessite une quantité différente.

6. LA PEINTURE
On pose, en premier lieu, la couleur fondamentale sur chacun des motifs, de manière à obtenir, dès cette étape, une harmonie d’ensemble. Ensuite, il faut restituer le dessin initial par un traitement graphique agrémenté éventuellement de l’apport de légères ombres. Il faut se garder de poser la couleur dans sa consistance d’empâtement. Le principal souci est de maintenir jusqu’au bout la transparence et la légèreté des tons superposés. Enfin, le travail des lumières consiste à rendre le volume en éclairant de plus en plus pour terminer avec des reflets de couleur blanche.

7. LE VERNISSAGE
On emploie de l’huile de lin cuite que l’on fait pénétrer avec la paume de la main dans la peinture, ce qui confère aussitôt éclat et profondeur, mais aussi conservation optimale, aux couleurs, puisqu’à la longue cette huile, comme un baume, imprégnant toute l’épaisseur de l’apprêt, atteindra le bois de la planche. Après séchage relatif de cette huile, la peinture peut être cirée avec une cire d’abeille pure.